HISTOIRE

D’après « Patay au cours des siècles » /Abbé Michel Gand. BH_BR/11941_A-B. Bibliothèque des Archives départementales du Loiret, à Orléans.

LE BLASON DE PATAY

D’hermine à l’écusson en abîme de gueule chargé d’une épée haute d’argent, la garde d’or, accostée à dextre d’un léopard et à senestre d’un cerf passant du même, le tout de l’écusson surmonté d’un lambel d’argent.

Ornements extérieurs. 
– L’écu timbré de la couronne murale à trois tours crénelées d’or, maçonnée et ouverte de sable est soutenu par deux gerbes de blé croisées en pointe en sautoir et liées d’azur.

Symbolique de la composition. 
– La ville a repris les armes de Guillaume de Patay qui portait d’hermine à l’écusson e abîme de gueules (écusson figurant à Versailles, salle des croisades, 7e croisade, 1270).

Le léopard et le cerf qui chargent cet écusson évoquent la victoire de Jeanne d’Arc à Patay. L’Anglais symbolisé par le léopard aurait été surpris derrière un bois par la fuite d’un cerf mis en éveil par l’avant garde française.
L’épée est celle figurant dans les armes de jeanne d’Arc et le lambel est celui surmontant les lis de France dans les armes de l’Orléanais.


LES TEMPS ANCIENS

1 PATAY AVANT L’HISTOIRE

II y a plus de dix mille ans, bien avant l’arrivée des Gaulois, la haute vallée de la Conie était déjà peuplée. Des pierres taillées de l’époque du paléolithique supérieur et des pierres polies du néolithique, ont été retrouvées sur les terres de La Chapelle, Guillonville et de Rouvray. 
A Patay même, « la grosse pierre » nous rappelle qu’il y avait là un dolmen, un autre se trouve à Allonnes. 

Érigés entre 2500 et 1500 avant notre ère, les dolmens se composaient d’une table de pierre horizontale posée sur des supports. 
Il fallait soulever et mettre en place des blocs dont certains dépassent 
50 tonnes, ce qui suppose un certain niveau de connaissances techniques. 
On ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec les monuments d’Égypte. Les fouilles ont montré qu’ils servaient de tombeaux collectifs ou de monuments funéraires pour les personnages de haut rang. 

À Perollet, mot qui désigne un ancien dolmen, en latin « petra lata », lors de la construction de la ligne ferrovière Patay-Châteaudun, sous l’un de ces dolmens on a retrouvé deux haches polies et un magnifique couteau en silex qui constituaient les armes du mort. Les seuls dolmens restant sont ceux de Péronville appelés « Pierre de Saint Marc » curieusement construits en plein lit de rivière, et celui de Cheminiers « La Pierre Fénat », entre Saint Sigismond et Épieds en Beauce.


2 LES NOMS DE LIEU

De l’époque des Celtes, l’histoire a retenu simplement Allonnes, nom d’une divinité des fontaines et Rouvray, nom d’une variété de chêne, objet chez les Gaulois d’un culte particulier. Les domaines de Moret (Rouvray) et Moret-Conie (Villeneuve) prouvent que, dès cette époque, la région de Patay était déjà cultivée. 

À l’époque gallo-romaine, les campagnes de Beauce connurent une certaine prospérité. De nombreux petits propriétaires étaient indépendants. 
À côté d’eux, des colons louaient des terres qu’ils cultivaient librement moyennement redevances. Les grands domaines étaient gérés par de riches propriétaires qui employaient colons et esclaves. 

L’étude des noms de lieu nous permet de situer quelques-unes de ces propriétés. 

PATAY provient d’un nom de famille d’origine romaine (gentilice). 
Les Gaulois pour former des adjectifs à partir des noms, y ajoutèrent le suffixe « acus » ‘, ce qui aurait donné « Papiacus » à l’époque mérovingienne. 
On trouve « Papitacus » en 1002. La terminaison « acus » fut par la suite transformée en « Y ». On trouve « Patheio » en 1171 puis « Pateio » en 1226 et « Patai » en 1272. 

Cette transformation est très fréquente dans le département :

– CHEVILLY vient de « Caviliacus » du gentilice « Cavilius » ;

– « Silvius » a donné « Silviacus » puis SOUGY ;

– « Romulus » s’est transformé en « Romuiacus » puis ROUMILLY ;

– « Turnus », nom d’homme, a donné « Turnisiacus » puis TOURNOISIS ;

– AMPOIGNY et BRILLY. commune de Coinces, ont la même origine ;

– La ville de LIGNEROLLES du bas latin « Linaria » désigne un endroit où l’on cultive le lin ;

– Ce domaine appartenait en 990 à l’abbaye de Sainte Croix d’Orléans « Linerolas ».


3 LES VOIES ROMAINES

Aucune voie importante ne traversait le bourg de Patay. A Saint Péravy la Colombe, se croisaient les chemins de Châteaudun à Orléans et de Blois à Paris. 

Saint Péravy la Colombe, en latin Sanctus Petrus ad vicum columnae (Saint Pierre ai village de la colonne) est cité par Grégoire de Tours qui écrivait au Vlème siècle, puis dans une charte de 651. Une colonne, en latin columna, a donné colombe par la suite. Cette borne indiquait, à l’époque romaine, la limite entre le pays chartrain et l’Orléanais. 

Le chemin de Blois, appelé « chemin des bœufs », autrefois fort large et très fréquenté permettait d’amener le bétail vivant à Paris en évitant Orléans et en épargnant six lieues. 
Il joue un rôle important pendant la guerre de Cent ans. Il passait au sud de Lignerolles, est encore visible à certains endroits et sert de limites entre Rouvray et Coinces et entre Sougy el Rouvray.


4 L’ARRIVÉE DES FRANCS 

À l’époque du bas-empire, la fiscalité était devenue telle que les petits propriétaires ne pouvaient plus subsister, ils étaient obligés de se mettre sous la protection d’un « patronus » romain. 
Profitant de la misère et des incertitudes de l’époque, certains grands propriétaires confisquèrent les terres des paysans pauvres et se firent construire de somptueuses « villas ».

Les Francs, en occupant la Gaule, gardèrent longtemps leurs mœurs barbares. La violence était partout, les documents d’époque nous offrent le spectacle sans cesse renouvelé de crimes inqualifiables. 
Le pieux Saint Sigismond, roi des Burgondes, craignant que son fils Sigéric ne veuille prendre son pouvoir, le fit étrangler. 
Vaincu et fait prisonnier par Clodomir, roi d’Orléans, Sigismond fut jeté dans un puits avec sa femme et ses enfants en 523. 

Selon leurs coutumes, les Francs se partagèrent les terres, mais la vie rurale ne fut pas modifiée et l’esclavage y fut aussi brutal que dans le monde romain. Chaque propriétaire, on l’appellera bientôt « seigneur » gérait ses biens avec une nombreuse main d’œuvre répartie comme à l’époque romaine en hommes libres, colons et serfs. 
Les paysans vivaient alors dans des chaumières de torchis qui n’ont pas toujours une fenêtre. On y trouve une huche, parfois une table, des souches en guise de sièges, une paillasse qui remplace le lit. Le vêtement et la nourriture sont à l’unisson de cette vie misérable. 

Malgré les conciles et les recommandations des évêques, la conversion des Francs ne changea pas la situation. 
Chaque seigneur voulut avoir son église, il nomma des prêtres parmi ses serviteurs et exigea que tous assistent aux offices. 
En même temps, toute une population d’artisans et de commerçants se groupa autour du clocher ; ces « hôtes » payaient des redevances au seigneur, mais jouissaient d’une relative liberté. 

L’évangélisation ne se fit pas sans résistances. Les cultes païens ne pouvant plus se célébrer publiquement, ce fut dans des carrières ou des souterrains qu’ils eurent lieu. 

Sous l’église de Coinces, il existe un de ces souterrains formé de salles rondes de petites dimensions, qui a été étudié en détail. Ces salles servaient de lieux de culte et de réunion pour la famille du défunt. 
Par la suite, l’imagination populaire aidant, on s’est mis à affirmer qu’ils reliaient les châteaux entre eux ou servaient de cachette lors des invasions.


5 LES PREMIERS DOCUMENTS

Sous l’influence de l’Évangile, quelques seigneurs, pour le salut de leur âme, firent des dons aux abbayes et chapitres. 
En 857, le chevalier Foulque donna au prieuré de Bonneval, qui venait d’être fondé, l’église de Patay, mais se garda le titre seigneurial. 
Le chapitre Saint Pierre le Puellier d’Orléans possédait en 1002 des terres à Patay {Papitacus) et à Rouvray ; celui de Saint Avit quelques dîmes et cens à Rouvray. 
C’est surtout le chapitre cathédrale d’Orléans qui hérita de biens dans la région, spécialement à Sougy, Coinces, Terminiers et Rouvray. Une charte de Hugues Capet, datée de 990, confirme les biens du chapitre cathédrale Sainte Croix d’Orléans, elle cite en particulier la restitution de biens usurpés par le roi Pépin à Lignerolles.

Un autre document de 1171 cite Adam, prieur de Patay {Patheio) comme témoin d’une transaction. Le prieur, comme beaucoup d’autres dans la région, n’eut jamais plus de 3 ou 4 religieux bénédictins de Bonneval. Fréquemment les documents font état d’un seul prêtre résident, portant le titre de prieur. 

Nos villages furent la proie des envahisseurs normands en 898, en 911 et surtout en 961. En cette dernière année, racontent les chroniqueurs, 
« le ravage fut si terrible que la campagne fut entièrement désertée et les terres abandonnées ; ce qui causa dans tout le pays une extrême famine. Comme l’armée venue du Nord n’était presque composée que de païens, les églises ne furent pas épargnées et ces ravages durèrent 2 ou 3 ans ». 
Après ces pillages, les habitants de Patay et des paroisses voisines, qui avaient échappé, purent revenir et reconstruire maisons et églises. 

On peut, sans trop se tromper, dater de cette époque la fondation de la paroisse de la Chapelle Onzerain. 
A la suite des invasions, le retour des reliques de Saint Martin de Tours fut l’occasion de grandes festivités ; on distribua des fragments de la célèbre 
« chape » du saint, d’où le nom « Chapelle ». Onzerain vient d’un prénom féminin rappelant la fête des Rameaux. 

Villeneuve sur Conie, désignant un nouveau village, devint probablement paroisse à la même époque ; l’église primitive, sous le vocable de Saint Nicolas, se trouvait en retrait entre les fermes de Beauvoir et Vaudrenet. 

Au début du Xlème siècle, Patay, Villeneuve, la Chapelle étaient du Comté du Dunois au diocèse de Chartres et dépendaient, pour le spirituel, de l’abbaye de Bonneval qui nommait les curés de ces paroisses. 
La Croix Cassée servait de limite entre l’Orléanais et le Dunois. 

Pour protéger les populations rurales et garantir les biens qu’ils possédaient, 
les chapitres furent obligés de faire appel à des chevaliers. Ceux-ci abusèrent souvent de leurs pouvoirs. En 1153, le chapitre de Sainte Croix rappelle à Aubert, maire de Faverolles, Terminiers, Sougy, Villardu, qu’il ne peut rien exiger des hôtes du chapitre que ce qui a été convenu. 

La découverte d’un nouveau collier d’attelage permit une meilleure utilisation de la force motrice du cheval ; en même temps, l’évangélisation des populations rurales et surtout le mouvement des croisades, amenèrent une évolution des mœurs. 

L’ancien esclavage devenu servage disparut peu à peu. En 1210, le chevalier Aubert obtient l’affranchissement de toute sa famille en échange de sa maison de Rouvray. 

En Janvier 1260, les 265 serfs du chapitre de Sainte Croix d’Orléans en Beauce, étaient affranchis à Rouvray, Villardu, Brilly, Terminiers, Gaubert et autres lieux moyennant une redevance proportionnée à leur richesse. 

La justice était, dès cette époque, rendue par des hommes de loi nommés par le seigneur du lieu. Le chapitre de Sainte Croix se réservait ce privilège. 
Nul ne pouvait, dans les paroisses de Rouvray, Sougy, Terminiers, intenter un procès ou poursuivre un délinquant sans faire intervenir les officiers de justice et, en conséquence, le tribunal du chapitre. 
Un curé de Sougy, étant censuré par l’évêque, celui-ci dut se désister de cette immixtion dans les affaires capitulaires en 1430.

PATAY AU MOYEN-ÂGE

1 LA FAMILLE DE PATAY

Le premier document citant la famille de Patay est daté de 1103, Hugues de Pathay fait une donation à l’abbaye Saint Pierre de Chartres où son fils vient de faire profession religieuse. 
Un autre document de 1191 cite Geoffroy de Pathay, frère d’Emmeline. 

Parmi les archives du monastère de Bonneval, on trouve en 1231 une transaction avec Hugues d’Ouzouer, époux d’Émmeline de Pathay. 
L’acte cite Geoffroy de Pathay son fils. Ce document nous prouve l’existence, dès le Xllème sičcle, d’une enceinte fortifiée autour de l’église, du prieuré et de la maison seigneuriale, mais, il est présentement impossible, faute de renseignements, de savoir comment se présentait Patay. L’écu de Hugues d’Ouzouer était de « gueules » (rouge) sans ornement, celui de sa femme, d’hermine ; il mit son écu au cœur de celui de son épouse, c’est le premier blason de Patay. 

Lors de la huitième croisade, en 1270, au cours de laquelle le roi Saint Louis mourut à Tunis, la chronique de Joinville cite parmi les chevaliers « Monsieur Guillaume de Patay, lui et son frère, quatre cents livres, ils mangeront à la table du Roi ». 

Ce frère, Gilles de Patay, avait déjà participé à la croisade conduite par Saint Louis 1249-1253, qui avait abouti à la captivité du roi et la perte de Damiette. 

Faute de documents, il n’est pas possible d’établir une généalogie exacte de la famille de Patay. Le futur évêque d’Orléans, Gilles de Patay (1280-1288) ne pouvait être en même temps prêtre et chevalier. 
De même, on doit rattacher Jean de Pâté, évêque de Chartres (1328-1332) à la famille de Plessis Pâté à Malesherbes. 

Lors des premières croisades, les chevaliers avaient vendu tous leurs biens pour s’équiper et assurer leur voyage. Avant leur départ, presque tous avaient même affranchi leurs serfs moyennant une redevance. 

À leur retour, ils se retrouvèrent dans l’indigence ou même la misère. Moins enthousiastes, les chevaliers des dernières croisades demandèrent à être équipés par le trésor royal et même, pour certains, ce fut le cas du seigneur de Patay, à être nourri à la table du Roi. 

Guillaume II de Pathay. Chevalier seigneur de Patay, fut chargé en 1304 par le roi Philippe le Bel, de la garde de Guy de Namur, fils de Guy de Dampierre, comte de Flandres. N’étant pas à l’aise à l’intérieur des murs de Patay, Guillaume II se faisait construire un château à Lignerolles où il avait l’intention de demeurer. 

Guillaume III de Pathay est cité en 1331 et 1345 comme seigneur de Patay et Lignerolles.

2 LA VIE RURALE

La condition paysanne sous le régime seigneurial était encore loin d’être parfaite, mais il faut bien vivre et seul le seigneur, à l’abri de son château fort, représente un pouvoir efficace. 
Le paysan homme libre (vilain) est généralement propriétaire de sa terre, il se contente seulement de redevances envers le seigneur. 

Le cens, droit d’usage de la terre est payable soit en argent, soit en nature. 

Autre redevance remplaçant le cens le champart représentant le 12ème ou le 15ème de la récolte.

Les corvées correspondent généralement à quelques jours de travail par an dans notre région.

Le seigneur a également le monopole du moulin, du four et du pressoir, le paysan étant contraint de s’en servir moyennant de menues redevances.

Le seigneur exerce également le droit de justice par l’intermédiaire d’hommes de loi, ce qui lui procure quelques profits.

Il se réserve surtout le droit de chasse qui entraine la ruine des cultures lorsque les bêtes sauvages ravagent les champs ou lors de la poursuite du gibier.

La taille, à l’origine impôt sur les revenus payé par les roturiers au seigneur du lieu, fut rapidement payée au trésor royal.

Enfin le paysan paye la dîme à l’autorité ecclésiastique ; elle représente environ le 12ème ou le 15ème de certaines récoltes.

L’alimentation du paysan se compose de pain de seigle, légumes, œufs, fromages, porc ou poisson salé. Il boit du vin.

L’habitat s’est nettement amélioré : le paysan ainsi possède une maison avec des murs en torchis ou en pierre, un toit de tuiles, fenêtre et cheminée. Il a un lit et des draps; l’apparition de la chemise favorise l’hygiène dès le Xlllème siècle.

Dès l’époque de Saint Louis, les seigneurs féodaux, épuisés par la croisade et les luttes intestines, se trouvent concurrencés par une bourgeoisie naissante et par l’influence grandissante de la royauté.

De simples commerçants, artisans ou même cultivateurs aisés rachètent des terres au seigneur local et deviennent propriétaires de fiefs, c’est le cas principalement à Villeneuve-sur-Conie.


3 LA GUERRE DE CENT ANS

En 1345, Guillaume IV de Pathav héritait de son père, il habitait alors Patay, 
le fief de Lignerolles revenait à son cousin, lui aussi Guillaume de Pathay. 
Après la défaite de Crécy, 1346, qui commença la guerre de cent ans, 
la Beauce fut parcourue par des bandes armées qui ravagèrent le pays. 
La première invasion de la Beauce eut lieu en 1359. 
En 1360, Pierre de Pathav. Chevalier, maître d’hôtel du roi Jean, fut donné en otage au roi d’Angleterre avec plusieurs autres chevaliers. Je suppose que ce Pierre de Pathay était fils de Geoffroy, frère de Guillaume IV.

En 1364, Guillaume IV de Pathav était invité à participer à la défense du diocèse et de la ville d’Orléans. Son fils, Philippe de Pathay. est cité dans deux documents de 1396 et 1406 comme seigneur de Patay. 
Notre région connut sous le règne de Charles V une période assez calme, 
mais en 1411, nouveaux ravages par des troupes mal contrôlées. 
Les paysans, pour avoir la vie sauve, étaient obligés de se réfugier dans des lieux fortifiés, les bandes armées se contentant de piller, d’incendier, de violer ou de massacrer les paysans rencontrés.

Après la défaite d’Azincourt, 1415, la situation devint encore plus complexe. 
En 1420, Catherine, fille de Charles VI, épousait Henri V, roi d’Angleterre, à la mort de son père, selon la loi anglaise, elle devenait reine de France et d’Angleterre. Le duc de Bourgogne n’avait pas attendu cette date pour reconnaître Henri V d’Angleterre comme roi de France. De nombreux seigneurs suivirent son exemple en écartant par la même le dauphin Charles qui, selon la loi des Francs, devait hériter de son père Charles VI.

Dès 1417, les anglais avaient installé une garnison de 600 hommes à Chartres d’où ils faisaient de fréquentes incursions dans tous les villages de la région. En 1427, voulant faire le siège d’Orléans, l’armée anglaise s’emparait de toutes les villes et des villages fortifiés de la région y mettant garnison : Toury, Janville, Montpipeau, Meung sur Loire. Patay pratiquement indéfendable, ouvrit ses portes à la première sommation.


4 LA BATAILLE DE PATAY

18 Juin 1429. C’était un samedi. L’armée française composée de 7 à 8.000 hommes était assez disparate, on y parlait toutes les langues et tous les dialectes de l’Europe occidentale. 
Des Orléanais et des Chartrains côtoyaient des Irlandais, des Espagnols, des Lombards et des Allemands. Les capitaines avaient réussi à obtenir, non sans difficultés, une cohésion et une discipline admirables. 
Surtout celle qu’on appelait la Pucelle avait su donner à tous la confiance et l’enthousiasme qui procurent la victoire.

Jargeau fut pris le 12 Juin, le pont de Meung sur Loire fut emporté le 15, Beaugency, assiégé le 17, ouvrait ses portes le 18 à la première heure au duc d’Alençon et à Jeanne d’Arc.

L’armée anglaise, commandée par le fameux John Talbot, forte d’environ 5.000 hommes, s’était regroupée à Meung sur Loire et se préparait à attaquer le pont. 
Lorsqu’elle apprit la perte de Beaugency, vers huit heures du matin, elle décidait de se retirer lentement sur Janville où elle disposait d’une importante place forte, espérant s’appuyer sur les garnisons de Montpipeau et Saint Sigismond. 
Empruntant l’ancienne voie de Blois à Paris, les Anglais marchaient dans un ordre parfait : l’avant-garde, puis l’artillerie, les convois, ensuite le corps principal et enfin l’arrière-garde composée uniquement de gens d’armes d’origine anglaise. Cette armée était sur le territoire de Coinces, non loin de Patay, lorsque les coureurs signalèrent des cavaliers.

Le duc d’Alençon averti des mouvements de l’ennemi hésitait à le poursuivre ; il n’avait pas oublié la funeste rencontre de la journée des Harengs le 12 Février. 
Mais Jeanne d’Arc avait insisté « En nom Dieu, il faut les combattre, s’ils étaient pendus aux nues, nous les aurons ».
Les éclaireurs de l’armée française étaient commandés par le valeureux La Hire. Le corps de bataille qui suivait d’assez près était conduit par le duc d’Alençon et la Pucelle.

Lorsque Talbot apprit qu’il était poursuivi, il résolut de ne pas refuser le combat. 
Après avoir franchi le bas fond formé par le lit desséché de la Retrève, il se porta sur le territoire de la paroisse de Patay, s’appuyant sur le bois de Lignerolles, en empruntant un chemin resserré entre des haies et des buissons. C’est là que Talbot s’arrêta avec 500 archers d’élite. 
Il était environ 2 heures de l’après-midi, par une chaleur accablante, un cerf effrayé sortit subitement d’un taillis et se dirigea droit sur les archers anglais qui se mirent à pousser des cris de surprise. Ces clameurs firent découvrir l’ennemi à l’avant-garde française qui, entraînée par le bouillant La Hire, arriva à grand galop sur les archers anglais avant qu’ils n’aient eu le temps de prendre leurs positions. 
Falstaff qui était avec le corps principal de l’armée anglaise courut vers l’avant-garde pour la ramener dans la bataille ; mais, s’imaginant que tout était perdu, les anglais se dispersèrent et s’enfuirent. 
Pendant ce temps, le gros de l’armée française massacrait ou faisait prisonniers de nombreux ennemis. Talbot lui-même tomba aux mains de Poton de Xaintrailles.

Les fuyards furent poursuivis jusque sous les murs de Janville ; là, les habitants refusèrent d’ouvrir les portes de telle sorte que Falstaff et 7 ou 800 cavaliers arrivèrent à Étampes vers minuit. 

Les soldats français, fatigués après une journée bien chaude, couchèrent sur place. Le lendemain, un dimanche, après avoir dîné à Patay, ils entrèrent triomphalement à Orléans avec leurs prisonniers.


5 UN DIFFICILE RETOUR AU CALME

Après ce brillant fait d’armes, la guerre n’était pas finie, les bandes anglaises sillonnaient toujours la Beauce, Patay étant peu fortifié n’était pas à l’abri d’un retour offensif de l’ennemi. 

Survint une période de famine. Les paysans, voyant leurs moissons ruinées, leurs grains enlevés par les gens de guerre, leurs granges brûlées, n’avaient plus de courage et désertaient la campagne, qui faute de laboureurs resta en friches. 
Ce n’est qu’en 1432, après la libération de Chartres, que la sûreté put revenir dans cette partie de la Beauce. 

En quelle année l’église de Patay fut-elle dévastée ? II est impossible de le dire : les dates de 1420 et 1425 paraissent les plus probables. 
Les personnages qui soutiennent les arcs de la voûte de la nef ont été sculptés vers 1450, ce qui suppose une restauration à cette époque. 
Il est intéressant de remarquer que ces sculptures se retrouvent, à peine modifiées dans les églises de Châteaurenard, Triguères et dans la salle des thèses à Orléans. 
Elles représentent des professeurs de l’université, faisant les gestes de ceux qui enseignent ; mais, elles furent considérées comme figurant des prophètes, Jean Baptiste ou des saints. 

Les méfaits des bandes armées avaient permis de découvrir que les populations locales avaient besoin d’être mieux protégées contre les brigands de toutes sortes.
Pour mettre à l’abri les habitants, il fut décidé de construire de nouveaux remparts dont les boulevards dessinent les contours : Hector de Patay étant seigneur du lieu. 
La formation par Charles Vil des compagnies d’ordonnances en 1445 obligea les bandes de brigands à se disperser et à disparaître.

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LES TEMPS CLASSIQUES
1 LES GUERRES DE RELIGION 

Après une centaine d’années assez calmes, Patay, Gidy, Huêtre virent arriver vers 1535 des prédicateurs d’une religion qu’ils disaient réformée. 
D’importantes communautés se formèrent autour d’eux. Lorsqu’on 1547, le clergé commença à réagir, le protestantisme était déjà fortement implanté dans la région. 
Les documents nous manquent pour connaître le choix des seigneurs de Patay et suivre les événements ; les registres paroissiaux ne commencent qu’en 1570. 

L’année 1562 fut certainement la plus tragique de cette époque : les protestants maîtres d’Orléans pillèrent toutes les églises de la campagne, y brisèrent les images, incendièrent celle de Coinces et beaucoup d’autres. 
Ils prirent les prêtres, les attachant à la queue des chevaux et les traînant ainsi, puis ils leur crevaient les yeux et enfin les liaient à un arbre où ils les arquebusaient. 
Seule la paroisse de Villeneuve-sur-Conie, qui avait adopté le protestantisme fut épargnée.

Après la bataille de Dreux (19 Décembre 1562), alors que le prince de Condé essayait avec la reine Catherine de Médicis d’obtenir une paix honorable pour tous les partis, l’amiral de Coligny se refusait à tout pourparlers. 
Il réunissait à Patay, le 31 Janvier 1563, son armée dans le but d’aller en Normandie chercher les secours en hommes et en argent que la reine d’Angleterre tenait prêts au Havre. 
Effrayés, de nombreux habitants de Patay se réfugièrent dans l’église et le clocher, les protestants y ayant mis le feu, ils périrent brûlés vifs. Y eut-il d’autres massacres ou pillages à Patay, il est impossible, faute de documents connus, de le préciser.


2 LE MONDE RURAL

La paix revenue grâce à Henri IV, l’autorité royale affermie, une période de prospérité s’ouvrait pour les paysans.
Épuisée, ruinée, la noblesse terrienne vendait ses biens et allait se réfugier soit à la Cour, soit à l’armée. 
Qu’était devenue la famille des anciens seigneurs de Patay ? A Philippe de Patay cité en 1396, succéda son fils Hector 1er, puis Hector II. 
Celui-ci, deux fois marié, n’eut pas d’enfant, c’est son frère Jean 1er de Patay. Seigneur de Claireau (Sully la Chapelle) qui hérita du titre de seigneur de Patay. 
Ce titre était partagé avec le duc de Longueville, comte de Dunois. Cette dernière famille était issue du bâtard d’Orléans, le célèbre compagnon de Jeanne d’Arc. 
Le fief de Lignerolles appartenait à une autre branche de la famille de Patay.

Henri IV et Sully s’intéressèrent au monde rural, on connaît la formule célèbre « pâturage et labourage…. ». Les paysans ayant vu leurs impôts, charges et droits diminuer de moitié, en profitèrent pour acheter des terres. Les moins fortunés n’ayant qu’une petite culture devenaient en même temps artisans ou petits commerçants. A côté d’eux se forma une classe encore plus pauvre, celle des ouvriers agricoles. 

Dans le bourg de Patay, les marchés du mardi et du vendredi étaient assez animés ; on y vendait œufs, beurre, volailles, mais surtout des grains. Les principales mesures de capacité de Patay étaient le muid, le sestier (environ 140 litres), la mine (70 litres environ), le boisseau (environ 12 litres) et la pinte (un peu moins de 2 litres). 
La mine mesure de surface était équivalente à la surface ensemencée avec une mine de blé. 
Se tenait également un marché aux bestiaux, chevaux, vaches, moutons, place de l’Abreuvoir, (actuellement place Jeanne d’Arc). 
Quatre foires avaient lieu dans l’année : le mardi gras, le 27 Juin, le 25 Juillet (Saint Jacques) et le 30 Novembre (Saint André), si l’on y ajoute les deux louées de la Saint Jean et de la Toussaint, on devine l’animation du pays pour le grand profit des cabaretiers, aubergistes, débits de boissons et autres. 
La police était assurée par le prévôt de police, délégué du bailli du Dunois ; il y avait également des placiers et des receveurs de taxes, pour l’utilisation de la halle et le mesurage des grains. Ces taxes étaient perçues, en général, au profit du comte de Dunois.


3 LA VIE PAROISSIALE

Autrefois, on ne séparait pas la vie paroissiale de la vie sociale. 
L’église étant le seul lieu où l’on pouvait rassembler la communauté des habitants, c’est là que se prenaient les grandes décisions.

À l’issue de la messe solennelle du dimanche se réunissaient autour du banc d’œuvre les principaux notables et de nombreux habitants : le curé, son vicaire, le prieur, les deux fabriciens de la paroisse, le prévôt de police, l’huissier royal, les deux notaires, les commerçants et artisans et la plupart des chefs de famille.

Tous les deux ans, en décembre, les gagiers, appelés aussi fabriciens, rendaient compte de la gestion financière de la paroisse, puis on élisait de nouveaux fabriciens qui remplissaient gratuitement leur fonction. 
Les recettes étaient les quêtes, la vente des places à l’église, les donations et legs divers. Les dépenses consistaient en l’entretien des objets du culte, de l’église, du presbytère et des deux cimetières. 
Le plus ancien cimetière se trouvait autour de l’église, l’autre était là où se trouvent actuellement la mairie et la poste. Parmi les employés d’église, seul le bedeau, en même temps sonneur, recevait une rétribution de 24 livres par an.

À tous les autres, fabriciens ou chantres, on offrait, chaque année, un bon repas à la Saint Marc et les jours des rogations, des paquets de bougies à certaines fêtes ainsi que des gerbes de blé, fruit d’une collecte annuelle.

C’est dans l’église que se discutait la répartition des tailles entre les familles aisées et où l’on élisait le receveur (on disait fermier) des impôts de l’année. 
Celui-ci devait demander à chacun ta somme prévue en argent ou en espèces selon un rôle établi : les réclamations se faisaient lors de la discussion devant la communauté.

C’est également à l’issue de la messe qu’étaient débattues toutes les décisions à prendre concernant l’entretien des rues et chemins par le moyen des corvées ou de taxes.


4 UNE CURIEUSE LÉGENDE

Selon une légende, le 14 Mai 1610, à l’heure où Ravaillac assassinait Henri IV, une jeune bergère nommée Françoise Gauguyn, fille d’un boucher de Patay, gardait les moutons aux environs du village. 
Le soir en ramenant ses troupeaux à la maison, elle demanda à son père ce que c’était que le roi. Son père lui répondit que c’était l’homme qui gouvernait la France et qui commandait aux français. 
La jeune fille alors s’écria :  » Mon Dieu! j’ai entendu tantôt une voix qui m’a dit qu’il avait été tué ». Cette légende publiée en 1759 est invraisemblable, Françoise Gauguyn, née le 11 août 1581, avait alors 28 ans. Il est possible que son neveu, Pierre Dordelot, serrurier à Patay, pour obtenir son héritage, ait été à l’origine de cette légende, voulant la faire passer pour une sorcière. 

Par la suite, Françoise Gauguyn se rendit à Paris où saint Vincent de Paul l’aida à choisir sa vocation. 
Elle prit le voile sous le nom de mère Françoise de la Croix. En 1617, elle était chez les sœurs de Louviers, mais n’y resta pas pour raison de santé. Grâce à la protection de la princesse Marie de Gonzague de Clèves, elle fonda en 1628, à Paris, place royale, la congrégation des Sœurs augustines de la Charité Notre Dame. Elle mourut à Paris le 14 octobre 1657.


5 LA MAISON DE RETRAITE 

Le 28 Mai 1630, les habitants de Patay envoyaient une supplique au roi Louis XIII pour lui demander l’autorisation d’établir à Patay la congrégation religieuse des Sœurs augustines de la Charité Notre Dame. 

Louis XIII, en réponse à la supplique des « manants et habitants de Patay », par lettres patentes datées de février 1631, autorisait cet établissement de religieuses hospitalières. 
L’évêque de Chartres avait donné son approbation le 28 mai 1630. Les deux seigneurs temporels de Patay : le duc de Longueville et le seigneur de Cléreau donnèrent également leur accord les 16 Mars et 24 avril 1631. 

Pour s’installer rue Trianon, les religieuses bénéficièrent de l’héritage de Françoise Gauguyn, puis Suzanne Chapellier, veuve de Jean Savary, bourgeois de Paris, devenue religieuse, donna 17.600 livres le 24 août 1636.
Gaston d’Orléans fit don de la ferme de la Vallée le 29 août 1638, d’autres dons suivirent. 

Louis XIV, en mai 1674, confirmait l’existence de cet établissement, il exemptait les religieuses de tous droits d’amortissement, de fief et autres pour les fermes de la Vallée, de Gaubert, de terres à Allonnes et au clos Aubry ; l’ensemble représentant 650 arpents de terre (environ 320 hectares) : pour que les religieuses puissent en jouir « pleinement, paisiblement et perpétuellement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchement ». On devine derrière cette phrase les tracasseries financières ou administratives dont les religieuses étaient victimes. L’acte est signé Louis et Colbert. 

La communauté se composait de 4 religieuses, elles devaient accueillir gratuitement et soigner 12 femmes ou filles pauvres, malades, de la paroisse et des paroisses voisines, leur fournir nourriture et soins jusqu’à parfaite guérison. Les hommes n’étaient admis dans la communauté que le temps nécessaire pour recevoir les soins exigés par leur état.


6 AU TEMPS DE LOUIS XIV

Le centralisme royal et les guerres de Louis XIV modifièrent profondément la vie rurale et sociale. Cette période fut marquée par un accroissement sensible des impôts. En quelques années, la taille fut multipliée par dix, puis apparut le vingtième, impôt sur le revenu ; ce qui ne supprimait ni le cens ni le champart payé au propriétaire, ni la gabelle, ni la dîme. 

Un autre fléau dû aux guerres fut la présence des militaires. En 1690, les habitants de Patay nommaient un commissaire chargé du logement des gens de guerre lors de leur passage. 
Également, le duc d’Orléans fut obligé de donner des consignes très sévères pour punir ceux qui s’introduisaient dans les fermes. 

En 1668, Patay comptait 700 communiants (environ 1.100 habitants), Villeneuve-sur-Conie avait 110 communiants, la Chapelle 120, Péronville 260, Villamblain 400 et Tournoisis 170. 

Henri de Patay, seigneur de Claireau, où il résidait, était descendant de la vieille famille des seigneurs de Patay. 
Il eut deux filles : Louise qui épousa en 1668 un d’Ales de Corbet et Marie-Jeanne qui se maria le 6 Janvier 1676 avec Charles de Musset de la Bonaventure. 
Les deux gendres se firent appeler seigneurs de Patay sans y résider : titre honorifique qui financièrement était de peu d’intérêt. 
Le vrai seigneur de Patay était le comte de Dunois. Celui-ci avait droit de justice qu’il exerçait par le bailli de Dunois résidant à Châteaudun et un prévôt demeurant à Patay. Le comte de Dunois disposait également des taxes et redevances perçues sur les foires, marchés et transactions locales. 
Le seigneur de Lignerolles, Antoine de Montdoré, qui n’était pas noble, partageait en 1691 avec Pierre Thureau, cura de Villeneuve-sur-Conie, les dîmes de cette paroisse. 

Lors de la formation du diocèse de Blois, en 1697, les paroisses de Villeneuve, la Chapelle, Villamblain, Tournoisis y furent rattachées ; Patay restant au diocèse de Chartres. 
Il y avait à cette époque, rue Trianon, une école de filles dirigée par une religieuse et une école de garçons, avec un instituteur.


7 INDUSTRIE ET COMMERCE

L’élevage du mouton a procuré depuis toujours un certain profit aux paysans. Une petite industrie locale s’était constituée, mais, eut peu d’importance jusqu’au XVIème siècle. 
Le mouton tondu, la laine était lavée, cardée, peignée et filée ; travaux qui pouvaient se faire à domicile et procuraient aux cultivateurs quelques suppléments de ressources. Le filage, activité essentiellement féminine, ne dépassait pas 10 à 20 grammes à l’heure. 
L’apparition du rouet à pédale, au XVème siècle, permit de doubler les rendements. 

À Patay, au temps de Louis XIV, 8 à 10 fabricants achetaient la laine, la donnaient à travailler à domicile. 
Le fil produit, le tissage se faisait dans des ateliers, le tissu était ensuite blanchi et lavé. On pouvait alors procéder à la fabrication des couvertures, on y ajoutait un apprêt pour les rendre plus attrayantes pour le client. 

Une assemblée des habitants fixait, en 1692, les droits de marque sur les chapeaux fabriqués à Patay : « 10 sols pour un chapeau de castor, 5 sols pour un chapeau de poil, et 2 sols 6 deniers pour un chapeau de laine Caudebec ou autres au-dessous ». Les couverturiers et autres fabricants payaient également un droit de marque. 

Patay étant à l’écart des grandes routes ne pouvait que difficilement épanouir son commerce. 
Vers 1740, l’intendance de la province, utilisant le moyen des corvées, fit construire un chemin empierré entre Patay et Saint Péravy pour faciliter le transport des grains. 
Les fabricants de couvertures en profitèrent pour acheter à Orléans les produits nécessaires et y vendre les marchandises fabriquées. 
On comptait 22 fabriques de couvertures vers 1788, elles donnaient du travail à tous les habitants valides, il ne restait qu’une quinzaine de vieillards nécessiteux ou d’invalides secourus par la paroisse. 

Autre activité, la meunerie : il existe, quartier de la Butte, un lieudit les trois moulins, en 1825, on comptait encore 5 moulins en activité à Patay. 

Avec la nouvelle route, les trois foires de l’année, celle du mardi gras ayant disparu, prirent plus d’importance. Outre les activités traditionnelles, on vit arriver des marchands de quincaillerie, bimbeloterie, forains de toutes sortes et même des bijoutiers. 

Faute de documents, il est impossible présentement de connaître la construction des murailles de Patay et leur évolution au cours des siècles. 
Lorsqu’on 1755, le duc de Chevreuse, comte du Dunois, donna l’autorisation de démanteler, les murailles étaient de construction récente. 
Leurs dimensions invraisemblables vu la population laissent supposer qu’elles servaient uniquement à faciliter la perception des droits d’octroi et à protéger des loups. Les pierres servirent à rétablir les rues « qui étaient si crevées qu’elles étaient devenues impraticables ».


8 LES DERNIERS SEIGNEURS DE PATAY

En 1768, naissait dans le Vendômois Victor Musset. La même année, son père vendait, ainsi que Pierre d’Ales, vicomte de Corbet, leur titre de seigneur de Patay à François du Clusel. Celui-ci était chevalier, conseiller du Roi, maître de requêtes, marquis de Montpipeau (Huisseau), intendant de la généralité de Tours. 
Victor Musset, littérateur, se fit appeler Musset-Patay pour se distinguer de ses deux fils Paul et Alfred*, eux aussi écrivains. Seul ce dernier devint célèbre. 

Le principal seigneur de Patay était Louis Joseph d’Albert, duc de Luynes et Chevreuse, comte de Dunois. Étant haut justicier de la paroisse et recevant les droits perçus sur les foires et les marchés, à la veille de la révolution, il fit construire sur une place une halle en bois pour abriter les marchands.

LA PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE

1 LES CAHIERS DE DOLÉANCES

Le dimanche 13 juillet 1788, vers midi, un orage d’une particulière violence s’abattit sur une grande partie de la Beauce.
En deux heures, les récoltes furent hachées si menues que le grain, tombé en terre, fut enfoui dans une litière de fragments de paille. De nombreux fermiers étaient ruinés et la famine était à prévoir. 

Les cultivateurs de Patay, Rouvray et Villeneuve qui purent sauver leur récolte, trouvèrent le chemin impraticable entre Patay et Saint Péravy pour ravitailler Orléans. 
C’est sur d’autres marchés qu’ils vendirent-leur blé. 
La commission intermédiaire de l’assemblée provinciale prit conscience de l’abandon depuis 1782 de cette seule liaison entre Patay et Orléans. 
Le chemin fut réparé et entretenu sur les fonds du département jusqu’en 1792 puis abandonné de nouveau. 

L’année 1789 débuta mal : le 1er janvier, le thermomètre descendit à -18°, 
la neige était abondante. 
On avait été obligé de fermer toutes les manufactures, les ouvriers étaient au chômage et le prix du pain augmentait considérablement. 

La population de Patay était alors de 1.000 habitants 198 familles, celle de Rouvray 152 habitants 33 familles, Villeneuve avait 172 habitants 46 familles et la Chapelle 225 habitants 50 familles. 

Le 20 février fut envoyée à chaque paroisse une circulaire convoquant les citoyens de 25 ans accomplis inscrits au rôle des impositions. 
Le 6 mars, dans l’église à l’issue de la messe, les citoyens actifs se retrouvèrent pour approuver un cahier de doléances et procéder à l’élection de quatre députés. 
Le cahier de Patay, qui n’a pas été retrouvé, comporte plus de 23 signatures d’artisans et de commerçants. Il n’y eut que deux élus : Michel Sevin, aubergiste et Charles Gajon, notaire. 

Les cahiers se plaignent des impôts, des procès trop dispendieux, des droits et privilèges seigneuriaux jugés injustes, du vagabondage : en Beauce la mendicité était un vrai fléau pour les campagnes. 
Les habitants de Rouvray demandent que leur paroisse soit maintenue : ils ont fait de grosses dépenses pour réparer l’église et le presbytère. 

En Beauce, pays de grande culture, on trouvait des fermes de 100 hectares ; les petits cultivateurs étaient nombreux mais ne pouvaient ni s’agrandir ni établir tous leurs enfants. Le rendement en blé était en moyenne de 12 quintaux à l’hectare. Il y avait chevaux, bovins, quelques porcs, surtout des moutons. L’industrie lainière était importante à Patay où l’on comptait 22 fabricants couverturiers.


2 LES ÉMEUTES DE 1789

La crainte de manque de pain et son prix très élevé occasionnèrent des émeutes dans de nombreuses villes en cette année 1789. 
À Patay le 23 avril, les habitants arrêtaient des voitures de grains destinées à Orléans. Les populations des campagnes mettant opposition à tout déplacement qui leur paraissait suspect. 

Autre émeute le vendredi 1er mai, que l’on attribua à des séditieux venus d’Orléans, la présence de la maréchaussée empêcha qu’il y eut des victimes. 

Nouvelle émeute le vendredi 7 août : cette fois le lieutenant de la maréchaussée intervint et fit interner à Orléans 5 émeutiers. 
Le 2 septembre par jugement prévôtal, 3 d’entre eux furent condamnés au carcan et aux galères à perpétuité ; les deux autres au carcan et à 9 ans de galère. 
Le roi commua les galères en 1 an et 3 mois de prison. 
Les condamnés furent exposés le 16 novembre 1789 ; le 7 octobre 1790, ils étaient toujours en prison.


3 UNE NOUVELLE ORGANISATION SOCIALE

Les documents manquent pour connaître la nouvelle organisation de la commune de Patay. On ne sait comment se déroulèrent les premières élections, ni le nom du maire.
La maison commune (mairie) fut installée rue Trianon, à l’emplacement de l’école des filles (actuellement, le passage latéral de la maison de retraite). 

La nuit du 4 août vit l’abolition des privilèges mais aussi la suppression de nombreux impôts, les grands perdants furent les municipalités qui eurent à leur charge l’entretien de la voirie, des écoles, des églises et des cimetières ; elles virent, en même temps disparaître leurs ressources octrois et taxes diverses. 
À Patay, le conseil général de la commune décida, en 1790, d’établir un droit de mesurage de 18 deniers par sac de blé vendu sur le marché, en remplacement de l’octroi. Les intéressés protestèrent, affirmant que ce droit était supprimé par la loi du 15 mars 1790, mais le département approuva la décision des élus de Patay.

1790 vit une réorganisation totale de la nation. Patay ainsi que Villeneuve et la Chapelle furent rattachés au département du Loiret, répondant ainsi à un désir exprimé dans le cahier de doléances. 

Dans le district d’Orléans, Patay fut choisi comme chef-lieu de canton. 
On y procéda à l’élection d’un juge de paix qui, faute de local, rendit la justice dans la maison commune. 

Y eut-il une garde nationale à Patay ? Faute de documents, on ne peut l’affirmer. La jeunesse chanta le « ça ira » sur le marché dès juin 1790. 

Pour appliquer le décret du 15 septembre 1790 de l’Assemblée nationale, les membres de l’assemblée municipale demandèrent aux 4 religieuses si elles désiraient sortir de leur couvent, ce qu’elles refusèrent.
On n’insista pas, mais on nomma une commission administrative, sous la présidence du maire, pour gérer l’établissement qui devint hospice civil. 
Naturellement, les fermiers refusèrent de payer le champart, qui fut supprimé peu après. L’administration de l’hospice se trouva sans ressources, obligée de faire appel à la municipalité pour nourrir religieuses et malades. 
Par la suite, l’hospice ayant pu présenter ses titres de propriété, le champart fut transformé en loyer payable annuellement.


4 LE CLERGÉ FACE A LA PERSÉCUTION

L’Assemblée Nationale avait voté, le 12 juillet 1790, une « constitution civile du clergé »‘, puis elle demanda à tous les prêtres en paroisse de prêter serment. 
En janvier 1791, le curé de Patay, Joseph Daubroche, curé depuis 1749, prêta semble-t-il ce serment avec réserves.
Son serment étant jugé invalide, il fut par la suite interné à Orléans dans la prison de la Croix où il mourut le 27 ventôse an III (17 mars 1795) le jour où il devait être libéré, âge de 75 ans. 

Son vicaire, Hyacinthe Constant, prêtre du diocèse de Mende, venait d’arriver, il se présenta comme aumônier des religieuses et, à ce titre, n’eut pas à prêter serment. Face à la persécution, il eut la chance de pouvoir se cacher à Orléans, dans une famille amie. Il devint ensuite secrétaire de l’évêché et mourut chanoine en 1835. 

Le curé de Rouvray Sainte Croix, Denis Chappellier, prêta serment. Il fut élu le 18 novembre 1792 officier d’état civil.
Le 27 novembre 1792, il épousait, à Rouvray, Marie Moreau dont il eut une fille le 28 mai 1793. Il disparut ensuite. 

Le curé de la Chapelle Onzerain, Marin Turgeot, curé depuis 1785, refusa le serment, il s’embarqua à Dieppe en septembre 1792 pour l’Angleterre. Il fut remplacé par Pierre Malivoire, religieux, qui prêta serment. 
Lors de la fermeture des églises on le retrouve à Orléans, puis il revint à Patay lors de la réouverture des églises. Il mourut curé de Mainvitiiers en 1815. 

Le curé de Saint Péravy, François Sevestre, refusa le serment, i! fut interné à Orléans le 29 mars 1793, déporté à Bordeaux puis à Blaye fort Pâté. Rapatrié comme malade, il fut interné à Orléans, prison de la Croix. Il mourut à Orléans en 1807. 

Le curé de Villeneuve, Dollon, prêta serment, il se retira en 1793, lors de la fermeture des églises. 

Le curé de Terminiers, Vrain Pilate, refusa le serment, il émigra en Suisse en septembre 1792, puis en Pologne. Il mourut à Orléans en 1818.


5 SOUS LA TERREUR

Les archives communales manquent malheureusement pour suivre la suite des événements. 
En 1792, le département procéda à la vente des biens d’église. De nombreux cultivateurs de Beauce purent racheter les terres qu’ils exploitaient. 
Les communes firent également des achats payables en assignats, mais aucun document ne nous est parvenu. 

Les assignats étaient devenus d’un usage courant, la monnaie métallique disparut par suite des bruits de guerre et de la récolte médiocre de 1791. 
Mais le manque de petites coupures en assignats engendra de grandes difficultés pour le paiement des salaires et le commerce de détail. 
La commune de Patay émit, en 1792, des « billets patriotiques » pour remplacer la monnaie pour une somme de 8.500 livres. 

À la suite de la déclaration de guerre, le 20 avril 1792, quelques jeunes volontaires partirent pour l’armée. Là aussi, les renseignements manquent. En septembre se constitua à Patay une société populaire qui avait l’intention de « surveiller les autorités ».

Le prix du blé et du pain, à la suite de récoltes médiocres, avait triplé en deux ans, les salaires étaient restés les mêmes, les ouvriers ne pouvaient plus nourrir leur famille. Le dimanche 3 avril 1793, un rassemblement de journaliers alla incendier plusieurs fermes à Villeneuve et à Coinces : les fermiers s’obstinant à refuser de vendre leur blé à un prix raisonnable. 

Spontanément, les fabricants couverturiers augmentèrent cardeurs et fileuses, pas autant qu’ils le désiraient. Les autorités étant réticentes, les ouvriers des autres professions ne purent obtenir satisfaction : toute manifestation étant sévèrement réprimée. 

Le conventionnel Laplanche, en mission à Orléans, nomma un agent à Patay à qui l’on reprocha de s’être comporté en véritable tyran. 
Les religieuses de la maison de retraite « étant suspectes à tous les bons citoyens» furent remplacées ; elles purent se retirer dans des maisons amies. 
En frimaire an II (décembre 1793), l’église de Patay fut pillée puis fermée au culte. Le dimanche fut remplacé par le décadi et le club organisa dans la «ci-devant église» devenue temple de la Raison, les fêtes décadaires. En même temps, on, fit partir pour l’armée tous les jeunes gens non mariés de 18 à 25 ans. 

Le 28 fructidor an II (14 septembre 1794) Brival représentant du peuple en mission, nomma membre du comité de surveillance révolutionnaire, un républicain modéré, Michel Sevin, aubergiste à Patay.


6 LES RÉQUISITIONS

Avec la guerre, ce furent les réquisitions. Les fabricants couverturiers se plaignirent, le 25 novembre 1793, que l’on ne tenait pas compte de la qualité des couvertures mais seulement des dimensions et qu’ils travaillaient à perte. 
Les couvertures revenaient, à Orléans à 20 livres et à Patay à 23 livres, alors que le maximum payé par l’administration de l’habillement des troupes était de 18 livres. 

Le 17 Frimaire an III (7 décembre 1794) pour permettre aux couverturiers de Patay, qui avaient cessé toute fabrication, en raison de la perte énorme enregistrée, de reprendre leur activité, on accorda pour les couvertures livrées et non payées la somme de 23 livres. 

Les fabricants purent ainsi concéder des augmentations de salaire devenues indispensables. 
Les fabricants de couvertures de Patay expliquaient, en pluviôse an III (Janvier 1795) « Les ouvriers, au prix de 15 sous par jour fixés par le maximum, étant dans l’impossibilité de vivre, à cause de l’excessive chèreté des denrées, ont été augmentés de près du double. Les fabricants, encore qu’ils perdissent beaucoup, n’ont pu humainement se refuser à cette augmentation ». 

Le blé fut un autre objet de réquisitions. Des commissaires venus de Paris, de l’armée et d’Orléans, se répandirent dans toutes les communes de la région où ils firent des réquisitions de grains. 
Devant cette avalanche, les cultivateurs se montrèrent réticents. 
Les municipalités se contentèrent, généralement, de délivrer des ordres par écrit, les cultivateurs affirmant qu’ils ne savaient pas lire. 

Le 4 Novembre 1793, le département requit la municipalité de Coinces de livrer 448 mines de blé et de faire, à cet effet, des visites domiciliaires. 
Pierre Soûlas, ancien maire, s’est trouvé avoir 24 ou 25 mines battues, il n’avait que deux personnes à nourrir. Il accepta de livrer 10 mines. Mais il refusa de les livrer quand la voiture vint les prendre et le lendemain, s’obstina « disant que nous n’avions pas le droit d’exiger du blé de fui et des autres particuliers ». 
Il se forma un rassemblement « comme pour nous faire front, nous disant que quand ils verraient les commissaires de la force armée, ils leur parleraient ». 

Autres réquisitions, le 22 pluviôse an II (11 février 1794) sur Rouvray elle 15 ventôse an II (3 mars 1794) sur Patay qui a encore assez de blé pour trois ou quatre mois. 
Les municipalités ne firent aucune réquisition. Le 21 prairial an II (9 juin 1794) l’administration du district d’Orléans donna ordre de faire arrêter les maires du canton de Patay. Ils ne furent libérés qu’après livraison des réquisitions. 

Après Thermidor, en octobre 1794 (brumaire an III), le district menaça d’incarcération l’agent national de Coinces qui, depuis 21 jours, avait des batteurs à sa disposition sans pourtant rien livrer.


7 SOUS LE CONSULAT ET L’EMPIRE

Sous le Consulat et l’Empire, la municipalité fut surtout préoccupée par l’entretien des rues et du chemin de Patay à Saint Péravy, devenu impraticable, seule liaison avec Orléans : rien n’avait été fait depuis 1792. 
C’est par des centimes additionnels, payés en journées de charroi ou en argent, que l’on put, après de longues négociations obtenir des réparations. 

Les écoles avaient été fermées aux heures sombres de la Révolution. Depuis l’instituteur, peu compétent, était payé par une rétribution des élèves. Il serait à souhaiter que l’on ait des instituteurs éclairés, payés par la contribution mobilière et personnelle.

Après tractations, la commune de Patay rachetait au citoyen Deluyne, ci-devant seigneur, la halle nécessaire au marché. Pour les trois foires, celle du 3 mai étant pratiquement abandonnée, la meilleure date serait le 18 ventôse (8 mars). Les deux autres restant inchangées, le 25 Juillet et 30 Novembre. 

Le 10 Janvier 1803, Jean Baptiste Landais était nommé curé de Patay. L’église avait été pillée et saccagée, il fallut refaire la toiture, aménager l’intérieur et racheter les objets les plus nécessaires pour le culte. 
En 1806, François Sutin était nommé à Patay, il y mourut en 1813. Lui succédait Charles Trollé ; la vie de ce dernier est un véritable roman d’aventures. Curé de Bai-ville, il est déporté à Cayenne sous le Directoire, nommé curé de Patay, il est expulsé en 1825, il mourut curé dans l’Yonne en 1827. 

En 1806, les deux municipalités de Patay et de Rouvray se réunissaient. L’église, le presbytère et le cimetière de Rouvray étant inutilisés depuis plus de six ans, elles en demandent l’aliénation. 
L’église Saint Jean Baptiste de Rouvray fut démolie en 1814. Pendant les guerres de l’Empire, Patay eut à fournir un contingent de soldats, 12 d’entre eux moururent en Espagne ou dans la Grande armée. Le 10 décembre 1815, le maire écrit « les événements fâcheux que nous avons éprouvés nous ont forcés de suspendre la cession du conseil municipal »…. « Il a fallu faire face aux approvisionnements des troupes qui ont passé et séjourné dans notre commune, à leur logement, aux réquisitions, et de plus, maintenir la tranquillité publique ». Patay connut ainsi l’occupation ennemie en 1815.

LES TEMPS MODERNES

1 PATAY AU XIXème SIÈCLE

En 1816, la guerre étant terminée, il y avait à Patay 25 fabricants couverturiers, la difficulté pour eux de concurrencer Orléans les avait amenés à diminuer leur production et à licencier quelques ouvriers. 
Le retour des militaires, revenus en général sans pension, les laissaient sans ressources. 
À tous ces sans emploi, la commune proposa de travailler à l’entretien des rues et des places sous forme d’atelier de charité. 

La maison de retraite avait, avant la révolution, des religieuses sœurs de la Charité Notre Dame. Par suite de la disparition de cette congrégation, la municipalité fit appel, en 1823, aux Filles de la Croix, dites sœurs de Saint André, congrégation fondée en 1807 par Saint André Fournet et Sainte Élisabeth Bichier des Anges. 
Trois religieuses de cet ordre vinrent à Patay, la dernière religieuse quitta la maison de retraite en octobre 1989. 

Il n’y avait pas à cette époque d’école communale à Patay. Une classe de filles, gratuite, était installée dans l’hospice, une autre en ville chez une religieuse. 
Les deux classes de garçons étaient chez les instituteurs, la commune payait 200 francs par an pour les enfants indigents. 

Une poste fut installée à Patay, le courrier transitant par Artenay. 

En janvier 1823, la Retrêve, rivière venant de Gidy, était en crue, événement qui ne se produisait guère que tous les quinze ans.

Depuis 1825, il était question de déplacer le cimetière de la rue Coquillette, trop petit pour Patay et Rouvray. En 1832, une épidémie de choléra morbus fit, entre août et novembre des victimes dans presque toutes les maisons de Patay et Rouvray. 
Il était urgent d’ouvrir un autre cimetière hors de la ville. Nouvelle épidémie en 1848-1849. L’ancien cimetière fut définitivement fermé et les restes transférés dans le nouveau le 11 novembre 1850. 

Les fabriques de couvertures n’étant plus rentables à Patay, le nombre de couverturiers diminua rapidement. A l’inverse, il y avait toujours six moulins à vent sur la commune. 
En 1848, une minoterie récemment installée se dotait d’une machine à vapeur de 10 chevaux, alimentée au charbon. 

En 1848, Patay connut, comme toutes les autres villes, un moment d’effervescence avec l’établissement d’une nouvelle garde nationale, puis la vie redevint calme jusqu’en 1870. 

La communauté protestante n’était pas nombreuse à Patay, 45 fidèles, mais, avec les communes voisines, Bricy 81 fidèles, Coinces 40, l’ensemble représentait 263 personnes. 
En 1826, la décision fut prise de construire un temple à Patay, rue Coquillette ; les dates de 1859 et 1898 sont inscrites sur cet édifice. 

Les quatre cloches de l’église furent bénites en 1868, la plus grosse frappée par un obus prussien, fut refondue en 1871, elle pèse 777 kilos. 
Les autres pèsent 551 kilos, 398 kilos et 222 kilos. Elles donnent le fa, le sol, le la et le do.


2 PATAY DU 1er au 4 DÉCEMBRE 1870

La bataille autour de Patay : 

Après la victoire de Coulmiers, le 9 novembre, le général Chanzy avait établi son quartier général à Saint-Péravy-la-Colombe. 
Le matin du 1er décembre, une journée claire et froide, le général, son état-major, le train des équipages inondaient chemins, jardins et champs autour de Patay. 

De tous côtés, le regard n’apercevait qu’un immense déploiement de troupes françaises. 

Le combat commença presque aussitôt. A Guillonville, le feu prit aux maisons. Puis, l’effort du combat tourna sur le château et le parc de Villepion qui fut occupé en fin de journée. 
Pendant ce temps, d’autres combattants occupaient le village de Faverolles et la ferme de Nonneville. A Patay même, les blessés affluaient. 
L’école des filles, transformée en ambulance, était encombrée. Faute de place, les malheureux qui avaient encore l’usage de leurs jambes devaient monter au grenier où, sous l’ardoise, la paille défendait mal du froid piquant de la nuit. 

Le lendemain, 2 décembre, vers 9 heures, le combat reprenait. Dans les rues de Patay, on croisait les zouaves pontificaux, les soldats du pape qui, avant le combat, voulurent entendre la messe. 
Un peu plus tard, des courriers arrivaient près du général Chanzy, toujours à Patay : le château de Goury avait été abandonné, Villepion était menacé. Le combat se concentrait alors sur Loigny. Le courage des zouaves pontificaux et du colonel de Charette est trop connu pour qu’il soit nécessaire d’insister. Les zouaves ne furent pas les seuls héros de cette journée. 

En ce 2 décembre, à Patay même, les détonations continuelles du canon, le crépitement presque incessant des mitrailleuses et de la fusillade faisaient sur tous une profonde impression d’épouvanté, mêlé à tout cela, le bruit des voitures ambulances, de charrettes conduites par des paysans en fuite, le roulement sonore des batteries. 

Les blessés nombreux dès le matin arrivaient sans cesse : granges, bergeries, écuries, remises étaient remplies. L’église, au lieu des hymnes sacrés, retentissait de cris de douleur. 

Au cours de la nuit du 2 au 3 décembre, les généraux des diverses unités vinrent rendre compte de leur situation respective : les hommes étaient à bout de force, certains n’avaient pas mangé depuis la veille, d’autres n’avaient plus de chaussures. 
Après avoir signalé la situation au général d’Aurelles, Chanzy, craignant d’être pris à revers par l’ennemi, donna l’ordre de la retraite.

L’arrivée des Prussiens :

Dès le matin du 3 décembre, ce fut dans Patay la plus indicible confusion : une foule humaine qui n’est plus une armée, qui n’a plus d’ordres ni de chefs. 
Un pêle-mêle d’hommes de toutes armes et de tous costumes. Des blessés qu’on charge sur des voitures pour les transporter au loin, tandis que d’autres arrivant un instant après sont mis à leur place. Ajoutez au tableau le bruit sourd du canon qui tonne toute la journée. 

Vers le midi, les habitants comprenant enfin la situation furent pris d’une panique soudaine. On s’agite, on court comme affolé de terreur. 

Le 4 décembre était un dimanche, on devait ce jour-là célébrer la fête de l’Immaculée Conception. 
Soudain un cri, « les Prussiens », au même moment, une détonation, un obus explose sur la place. 
Le général de brigade de Tucé, dont la cavalerie est sur la route de Lignerolles, arrive et envoie des vedettes dans le clocher, les mobiles de Loir et Cher prennent position derrière les murs des jardins. 

Des nuages de fumée noire et infecte envahissent la ville, le feu avait pris aux premiers coups de canon et s’était développé sous l’action d’un vent violent et sec. 

Vers onze heures, la fusillade cessa subitement, l’ennemi s’étant éloigné devant la résistance des mobiles. Mais les mobiles ayant reçu l’ordre de se replier, la ville devenait sans défense. 

Vers deux heures, l’ennemi posté près de Moret recommença à tirer sur la ville, de nouveaux incendies s’allumèrent. Le vicaire, Monsieur l’abbé Garnier, du haut d’un mamelon devant le cimetière agite avec un bâton un drapeau d’ambulance. 
Le feu cesse aussitôt, le signal a été compris. Quelques instants après, les ennemis, piétons et cavaliers entraient comme une trombe par toutes les issues. 

Le torrent dévastateur envahit tout, semant sur son passage la terreur, le pillage et la ruine. Les envahisseurs sont les maîtres absolus, la nuit venue, dans la joie, ils dévorent en un repas la subsistance de familles entières. Pendant ce temps, des maisons continuaient à brûler sans que personne ne s’en soucie. 

Le mardi matin, les envahisseurs quittaient la ville pour être remplacés par d’autres jusqu’à la fin de l’occupation. 

Le 4 décembre 1871, fut bénie, dans le cimetière de Patay, une croix monumentale élevée sur la fosse qui recouvre les corps de 73 français, dont 55 connus. 
Leurs noms sont inscrits sur le monument. Bon nombre des anciens mobiles de Loir et Cher assistèrent à cette cérémonie présidée par les maires de Patay et Rouvray.


3 ENTRE DEUX GUERRES

Le Patay actuel nous est bien connu et les anciens peuvent nous expliquer comment vivaient les habitants au début du siècle. 

En Avril 1873, la ligne de chemin de fer Orléans-Chartres était ouverte aux voyageurs avec trois puis quatre trains dans chaque sens : elle fonctionna jusqu’en 1937.
Désignée comme ligne école pour les militaires du 5ème génie de Versailles, le service fut intégralement assuré par eux de 1887 à 1939. 

L’église fut restaurée et modifiée en 1873 : l’autel principal date de cette année-là. 

En 1882, fut construit le bâtiment principal de la maison de retraite. Furent également construites sur l’emplacement de l’ancien cimetière, la poste, la salle de sport et la mairie. 

L’enseignement ne fut pas négligé ; la municipalité fit de sérieux efforts pour construire et aménager des locaux scolaires. L’école libre de filles de la place Jeanne d’Arc fut construite en 1888. 

Si la séparation amena quelques difficultés en 1906-1910, la réconciliation entre la commune et la paroisse fut réalisée en 1913 par l’inauguration de la statue de Jeanne d’Arc qui donna lieu à de grandes festivités. 

Une usine électrique, gérée par une société privée, commença à fonctionner en 1912 permettant l’éclairage des maisons. 

Ce fut ensuite la terrible guerre de 1914-1918 qui provoqua la mort de 47 soldats de Patay et de 30 de Rouvray. 

On ne peut qu’évoquer l’apparition de l’automobile et de nombreuses machines agricoles, ce qui amena la modernisation progressive du pays et l’évolution sociale qui se continue.


4 PATAY EN 1944 

Étant proche du camp de Bricy, Patay ne fut pas épargné en cette année 1944. Après chaque bombardement, les allemands réquisitionnaient des ouvriers, que le garde-champêtre devait trouver pour déblayer le camp. 

Le 22 mai, 10 aviateurs américains trouvaient la mort dans les communes voisines, ils furent inhumés dans le cimetière de Patay.

Le 6 Juillet, des avions américains bombardaient les embranchements de la gare : plusieurs maisons étaient démolies mais il n’y eut pas de victimes. 6 ou 8 familles étaient sinistrées. La mairie réquisitionna aussitôt 6 immeubles non occupés. 

Le 15 août, un mardi, fête de l’Assomption, de nombreux habitants de Patay avaient assisté à la messe solennelle de 11 heures, présidée par l’abbé Blandin, curé doyen.
Dans l’après-midi, les vêpres étaient suivies d’une procession. Pendant ce temps et depuis plusieurs jours, on chargeait en gare un train de munitions, préalablement installées dans les bois de la Mare à Coinces.

Vers 20 heures, un soldat autrichien prévint quelques personnes que le train allait sauter. L’alerte était donnée et tous les habitants quittaient la ville sous une pluie battante, beaucoup se dirigeaient vers Villeneuve-sur-Conie, ou se cachaient dans leur cave. 

À 22 heures 10 exactement, une lueur gigantesque embrasait le ciel aussitôt suivie d’un bruit formidable, c’était le premier wagon qui sautait. Une quinzaine d’autres explosions plus ou moins violentes devaient suivre en l’espace de trois quarts d’heure. 
Sans la pluie torrentielle qui tombait depuis 19 heures, avec le vent qui soufflait, il y aurait eu des incendies dans la plupart des quartiers et même dans les fermes des environs, chaque explosion projetant, dans toutes les directions, des matériaux embrasés. 

Le feu qui avait pris en plusieurs points de la ville fut rapidement maîtrisé par les pompiers et de courageux volontaires, sauf chez monsieur Roger, marchand de bois et charbon près de la gare. 

Le lendemain matin, on se rendit compte du désastre. Une quarantaine de maisons étaient inhabitables et la plupart des autres endommagées : toitures percées, cloisons soufflées, vitres brisées, la consternation était générale. Heureusement, il n’y avait pas de victime. 

Vers onze heures, un cri retentit : « Voilà les Américains, ils arrivent par la route de Villeneuve ! » Immédiatement c’était la ruée. Quelques chars de la troisième armée (Général Patton) faisaient halte à l’entrée de la ville. 

Le matin du 17, il fallut déchanter, un groupe de 150 à 200 Allemands armés de canons antichars arrivait en camions. 

À 20 heures, pour le couvre-feu, chacun s’enfermait chez soi. Peu après, les camions allemands disparaissaient car l’armée américaine approchait de Patay. 

Le matin du 18 août, drapeaux et banderoles apparaissaient aux fenêtres pour accueillir les libérateurs. Restait à soulager ceux qui avaient tout perdu, à reconstruire ou à réparer. 

Dès le 18, les équipes de la défense passive et des hommes de bonne volonté étaient requis pour déblayer les rues. 
Les écoles étant très endommagées, surtout celle des filles, il fallut effectuer d’importants travaux avant la rentrée des classes. 

Dans l’église, les deux vitraux représentant Jeanne d’Arc, bénis en 1930, restèrent intacts ; tous les autres, brisés par l’explosion, furent refondus.